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Jae Hwa Park
Sujet: abracadabra • miyuki and jae hwa Dim 13 Fév - 17:53
Je levais un regard sur les nuages qui camouflaient le soleil, en écartant les épais rideaux de ma chambre.. J'eus un sourire de soulagement. Aujourd'hui était jour de repos, et je pouvais profiter du temps maussade pour prendre un peu l'air. Je n'avais plus qu'à espérer que je ne trouverais aucune groupie humaine qui serait assez idiote pour me barrer la route. Auquel cas, je serrais obligé de lui sucer le sang... Je souriais à cette idée plutôt réjouissante, tout en posant ma boîte de blood tablet sur mon bureau.
J'enfilais une chemise blanche, ainsi qu'un jean, et une paire de basket, ouvrais la porte et sortais du pavillon de la lune avec la discrétion d'une ombre. Je ne pus m'empêcher de m'approcher de la porte de la chambre numéro 8. La chambre de Miyuki... Cependant, elle semblait vide. Je rebroussais chemin et m'échappais en vitesse de l'académie, songeant à ma Corée natale. Je rêvais de ces paysages épurés la nuit, lorsque mon esprit s'évadait au delà des frontières irlandaises. Les raisons qui avaient poussé ma tante à m'envoyer ici m'étaient encore obscures. Mais je n'osais croire que le fait que Miyuki, jeune japonaise-coréenne, et moi, jeune coréen, nous retrouvions par un pur hasard dans cette école.
Je m'arrachais à ces idées et laissais mes pas me mener loin de la ville. A l'abri des regards, je me permettais même un sprint. Quelques kilomètres plus tard, la brise marine m'indiqua que j'approchais d'un point d'eau. Et devant moi s'étendait la mer. Je souriais brièvement – j'avais beau détester ce pays anglophone, il fallait avouer que la grandeur de l'océan soulevait mon coeur et le rendait ivre d'immensité. Cependant, je n'étais pas assez tranquille pour profiter pleinement de ce spectacle plein de grandeur. Mes yeux se perdirent dans le tumulte des vagues sombres qui se brisaient sur les rochers, tandis que mon esprit volait à nouveau vers la chambre numéro huit. Que faisait-elle en cet instant ? Souffrait-elle ? Ou était-elle blottie dans les bras de ce Daisuke ? J'en frémissais de colère. C'était moi qui devait la protéger de ses peurs et de ses démons, pour une raison que j'ignorais. J'avais du mal à accepter que Miyuki-sama puisse être promise à ce garçon, alors que je ne l'avais jamais vue de ma vie jusqu'à il y avait quelques semaines. Je posais une main tendue sur mon front, tentant d'apaiser la ride de préoccupation qui plissait ma peau. Tout cela me dépassait totalement. J'avais l'impression d'être balloté, comme ces vagues qui venaient lécher les rochers, au grès d'un vent inconnu et particulièrement sadique. Je détestais cette impression.
J'ôtais mes chaussures, les portants à bout de bras. Les vagues vinrent rafraichir la plante de mes pieds, et je continuais ma marche lente le long de la berge. Tout était si calme, sur cette plage... comme si le monde que je connaissais n'avait pas d'attache à cet autre monde, plus utopique... Mais je me retournais avec vitesse, alerté par un bruit que mes sens développés me firent parvenir, malgré le ressac bruyant de la mer. Elle était à une bonne centaine de mètre, et me regardait, elle aussi... Miyuki...
A ma vue, elle tourna les talons comme une statue sur son piédestal, et marcha rapidement, dos à moi. J'écarquillais les yeux. Il ne fallait pas qu'elle parte! En une demi seconde, j'étais à ses côtés, et le retenais d'une main de fer, entourée d'un gant de velours. « Non, Miyuki-sama... reste. » Elle se retourna brièvement, et je me détachais d'elle, les bras levés en un signe de parfaite innocence. « Je promets d'être sage. Je ne ferais rien de mal, aujourd'hui. » Je lui adressais un sourire de fanfaron, tandis que son portable se mettait à vibrer dans la poche de son pantalon. La sonnerie retentit, étrange au milieu du silence solennel de la plage. « Abracadabra », des Brown Eyed Girls. Un groupe coréen. Je souriais avec un air espiègle, comme lorsque je n'avais encore que quelques années.
Je prenais une pose atypique: les jambes à demi repliées, les bras croisés sur mon torse, j'entamais un déhanché qui se voulait sexy en adressant un clin d'oeil à Miyuki. Certes, je n'avais pas l'allure des Brown Eyes Girls, mais cette attitude se voulait comique, et était destinée à détendre Miou. « Tu vois? Je suis totalement inoffensif aujourd'hui. Tu n'as rien à craindre. » J'ignorais si elle ressentait de la peur, mais je déclenchais tout de même mon pouvoir pour en effacer la moindre trace. « Et j'aime beaucoup cette chanson. » raillais-je avec un sourire en coin.
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Miyuki Taeko
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Dim 13 Fév - 23:19
Je n'étais pas particulièrement fan du soleil. Mais la journée, tout le monde dormait. Il s'agissait donc d'un des rares moments où j'avais le droit d'être seule. Lorsque la Lune se levait, j'étais toujours accompagnée. Généralement, par Daisuke. Mais j'avais sympathisé avec certains de mes camarades qui ne manquaient pas de me suivre dans les couloirs pour discuter. Cela me plaisait. Ils détournaient mon attention de mes sombres pensées. Et certains étaient réellement amusants. Chaques jours, je retrouvais le sourire. Et cela plaisait à mon entourage. Pourtant, je mettais un point d'honneur à ne rien oublier. La vérité sur le décès de ma mère, bien que sûrement blessante, m'étais essentielle. Tant pis si je devais en mourir.
En voyant que le soleil était caché par de lourds nuages sombres, je fus rassurée. Ma balade ne serait pas gâchée. Je jetais un coup d'œil à mon ombrelle posée dans un coin. Aujourd'hui, je n'en aurais pas besoin. Je m'habillais rapidement d'un short en jeans, d'un tee-shirt à l'effigie de Minnie, d'une chemise à carreau par dessus et m'affala sur mon lit pour enfiler mes chaussures d'un rose pétillant. Cela faisait longtemps que je n'avais pas utilisé ces vêtements. Mais mon deuil passé, je ressentais l'envie de me vêtir de couleurs fraiches. Après tout, je restais une adolescente parmi les critères des vampires. Une fois prête, je fourra mon téléphone dans une de mes poches et attrapa mon Ipod que je gardais en main.
Silencieusement, je sortis de ma chambre. Lorsque je referma doucement la porte d'entrée du pavillon, je m'arrêtais un instant pour respirer l'air frais. Un sourire apparu sur mon visage. J'étais décidé à me montrer d'humeur joyeuse. Après tout, j'avais été une jeune fille enjouée avant que tout ne s'écroule. Je brancha mes écouteurs et les installa sur mes oreilles, allumant l'appareil au passage. La musique me donna envie de chanter. Mais on risquait de m'entendre. Je me retenais donc et commença à me diriger vers le mur de l'école. Je savais déjà où me rendre. La plage. Pourquoi? Aucune idée! Une envie comme ça... Comme il ne faisait pas super beau, l'endroit devait être désert. Tant mieux! Je m'y rendais tranquillement, profitant du calme qui m'entourait. Et pour une fois, je ne permettrais pas à ma déprime habituelle de faire son apparition. Je voulais aller mieux. Au moins pour aujourd'hui.
Je venais juste d'arriver sur la plage. L'océan devant moi, je m'étais perdue dans mes rêves de lointain pays. J'étais de nouveau au Japon. A la maison. La petite marre - dans laquelle je m'amusais à regarder les grenouilles et les poissons, lorsque j'étais enfant - brillait sous l'éclat de la Lune. Cette période me manquait. J'étais protégée, aimée. Mais il manquait quelque chose. Il manquait toujours quelque chose. Je chassais cette idée, bien décidée à ne pas m'énerver inutilement. L'air marin me caressait le visage. J'inspirais profondément, me laissant porter par des rêves de voyages. J'étais à bord d'un bateau pirate. Le sabre à la main, nous approchions d'un navire à piller. Je lançais un cri de guerre, vite suivi par mes compagnons. Mais un bruit attira mon attention. J'ouvris les yeux et tourna vivement la tête. Le destin semblait être contre moi. Alors que j'espérais la tranquillité, je tombais sur la personne que je voulais éviter le plus au monde. Jae Hwa. Pourquoi fallait-il toujours que je tombe sur lui?! Je le fixais du regard, tendue à l'extrême. Comment réagir? Lui hurler dessus et lui ordonner de me lâcher un peu? L'ignorer? Lui arracher la tête? J'optais pour la solution la moins sanglante. Je tournais les talons. Mais il m'avait vu. Et bien qu'il soit à une centaine de mètres de moi, il me rattrapa aisément et attrapa mon bras, comme pour me retenir. Je me figeais aussitôt, détournant la tête pour éviter son regard. J'allais l'étriper s'il ne me relâchait pas dans la seconde.
JAE HWA : Non, Miyuki-sama... reste.
Miyuki-sama... Ce nom retentit en moi comme un lointain souvenir. Je frissonnais. Pourquoi? Je me détendais légèrement et tourna la tête vers lui. Il me relâcha vivement et recula en levant les mains pour montrer sa bonne foi.
JAE HWA : Je promets d'être sage. Je ne ferais rien de mal, aujourd'hui.
Aujourd'hui? Donc demain, notre petite guerre recommencerait. J'allais lui lançais un réplique cinglante pour effacer le sourire de gamin victorieux qui venait de s'afficher sur son visage lorsque mon téléphone sonna. Tout coréen d'un certain âge connaissait cette chanson. Elle avait fait un tabac quelques mois plus tôt. Je l'adorais. Elle me rappelais cette période où j'aimais encore danser et chanter. Je m'apprêtais à décrocher lorsqu'un spectacle déconcertant se déroulant sous mes yeux.
Jae Hwa commença à se trémousser. Je connaissais bien cette posture. C'était celles des Brown Eyed Girls dans leur clip « Abracadabra ». Ma sonnerie de téléphone. Les yeux écarquillés par la surprise, je le regardais effectuer un déhanché qu'il voulait sans doute sexy. Mais c'était surtout amusant. J'éclatais de rire. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps.
JAE HWA : Tu vois? Je suis totalement inoffensif aujourd'hui. Tu n'as rien à craindre.
Ma sonnerie cessa soudainement et je ressentis une vague d'apaisement m'envahir. Je lui lançais un regard inquisiteur. Était-ce lui qui essayait de me calmer? Pourtant, je n'avais pas besoin de son aide. J'avais pris une résolution et j'étais bien décidé à la tenir. Il eut un sourire moqueur.
JAE HWA : Et j'aime beaucoup cette chanson.
Je lui lançais un regard sévère. Il voulait jouer? Alors j'allais lui donner une leçon. Je sortais rapidement l'appareil de ma poche et lança de nouveau la chanson. La musique résonna dans l'air. Heureusement, nous étions seuls. Personne d'autre que lui ne me verrait donc me ridiculiser. Je me plaçais à ses côtés et entama le même déhanché que lui. Mais en mieux vu que je m'étais entraîné une bonne vingtaine de fois sur cette chanson
MIYUKI : Tu le fais mal! Regarde, c'est comme ça.
Il sembla surprit par ma réaction. Oui bon, j'avais d'abord pensé à le taper. Il y avait sûrement pensé aussi. J'éclatais de rire, à nouveau, en voyant la tête qu'il tirait mais je continuais tout de même la chorégraphie. Je ressentais le besoin de m'amuser. Tant pis si c'était avec lui.
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Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Ven 4 Mar - 0:08
« Tu le fais mal! Regarde, c'est comme ça. » J'écarquillais les yeux devant cette Miyuki joyeuse et hilare qui se déhanchait devant moi. Je ne connaissais d'elle que sa face sombre et renfrognée, mais l'idée de découvrir toute ses facettes me convenait parfaitement. Je ne pouvais qu'être flatté qu'elle accepte de se mettre dans une telle situation – surtout face à moi.
Cependant, mon côté mauvais garçon et macho refit surface, et j'annonçais avec arrogance, mais avec néanmoins une pointe d'humour: « En fait, je crois que tu me trouves vraiment sexy. » Avec un sourire espiègle, je continuais: « Mais tu oses pas l'avouer. » Je continuais mon déhanché à côté d'elle, et entamait un pas de danse à nouveau subjectif. Je me stoppais soudain, mon expression joyeuse s'envolant, et me tournait à demi vers la jeté encore tourmentée par les vagues. « Trêve de plaisanterie. Tu m'accompagnes ? » Dis oui, Miyuki sama. Je t'en pris, dis oui. Rien ne me ferait plus plaisir que partager ces quelques instants avec toi. Même si mes envies, mes désirs risquent de refaire surface. Mais je suis prêt à courir ce risque.
Je marche lentement sur la plage. Mes pieds s'enfoncent dans le sable humide. Je ne me suis jamais senti plus humain qu'en ta compagnie. Je te regarde à la dérobée, et même si je sais que tu dois bien sentir ce regard insistant sur ton visage, tu n'en montres rien. Quelles sont les pensées qui t'habitent, sous ce masque de joie temporaire ? Je me places devant toi et entame une marche à reculons, en cachant mon trouble sous un sourire engageant. « Parles moi de toi. » Je rigole brièvement, amusé par ma phrase. « C'est vrai, on est les seuls asiatiques de toute cette académie, et on se connaît à peine. » Je rigole à nouveau, d'amertume cette fois. « D'accord, c'est une bien piètre manière de remettre le sujet sur le tapis. » Je hausse les sourcils avec desinvolture. « Mais ta vie m'intéresse vraiment. » Je reste indécis quelques instants, et lache enfin avec un rire amusé: « Nom d'un chien, je n'ai jamais autant parlé de toute ma vie. Et en attendant, tu en profites pour rester muette. »
Je me range a nouveau à ses côtés et je me tais, profitant du bruit des vagues sur la berge. Mon regard se perd dans le remous mousseux de l'océan. Je songe à ce qui est enfoui en moi. A ce qui est enfoui en elle. Qui se cache, quelque part, et qui ne demande qu'à être déterré. Ce qui nous relie, en secret. Qu'etais-je pour elle, avant que tout cela n'arrive ? Qui a voulu nous separer ? Je n'y comprend rien, et tout cela me dépasse. Lui aurais-je voulu du mal par le passé ? Etais-je... dangereux ? Je n'arrive pas à me resoudre à cette hypothèse. Cela me semble trop... eh bien, trop impossible. La seule chose qui m'anime lorsque je la vois est le besoin de la protéger. Alors pourquoi ? Pourquoi cette séparation ?
Je me rends compte que malgré moi, mes pensées ont encore dérivées sur ce sujet qui ne cesse de la rendre hargneuse et qui la sépare de moi. Il faudrait que je sache me contrôler, mais c'est plus fort que moi. Je tourne mon visage vers elle, alors qu'elle me regarde, et je lui souris. Mon bras vole vers ses épaules dans un élan brusquement fraternel. Mon corps dépasse les envies de mon esprit, et j'en suis déstabilisé. Des habitudes anciennes reviennent, petit à petit. Et cela ne m'aide pas à comprendre ce qui s'était passé, auparavant. Jadis. Que je sais meme plus quand tous ces souvenirs se sont enfuis. A vrai dire, je n'ai plus envie de me souvenir de rien, ci ce n'est de mon bras protecteur autour des épaules de Miyuki. Ce sentiment de plenitude – que j'ai tant cherché sans jamais y acceder – me reconforte, et je me sens enfin... moi même.
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Miyuki Taeko
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Sam 5 Mar - 2:08
Les réjouissances ne durèrent pas longtemps. Son côté gentil garçon qui m'avait poussé à sortir de ma coquille avait rapidement fait place au type arrogant. Je riais encore lorsqu'il changea de chorégraphie. Beaucoup plus intime, dirons-nous. Je sentis mes joues s'enflammer. Je failli jouer dans son jeu. Me coller à lui et danser d'une manière qui le mettrait mal à l'aise. Mais ce n'était pas mon genre. J'étais une garce dans certains domaines. La provocation de ce genre n'en faisait pas partie. J'arrêtais aussitôt de danser et lui lança un regard qui exprimait parfaitement mes pensées. Pourquoi faut-il que tu gâche toujours tout?
JAE HWA : En fait, je crois que tu me trouves vraiment sexy. Mais tu oses pas l'avouer.
Je me mordis la lèvre inférieur et lui tourna le dos. J'étais incapable de me mentir à moi-même. Oui, je le trouvais réellement attirant. Mais je pouvais lui mentir à lui. C'était mieux ainsi. Pour tout le monde. Et même si je le lui avais avoué. Cela aurait-il changé quelque chose? Alors, je préférais l'ignorer. Lui et insolence qui me donnait envie de l'étrangler. Et pourtant... Pourquoi ressentais-je toujours ce mélange de plénitude et de familiarité lorsque je me trouvais en sa présence? Je détestais ça. Ressentir des sentiments que je ne devrais pas ressentir. Pas pour lui. Omo, si Daisuke savait!
JAE HWA : Trêve de plaisanterie. Tu m'accompagnes ?
Sa voix avait changé. Il était redevenu sérieux. Je me tournais légèrement vers lui. Il était tourné vers l'horizon. L'expression de son visage me fit frissonner. Il semblait... espérer. Je n'osais imaginer quoi. Car de toute évidence, j'étais au centre de ses pensées, de ses espérances. Toutefois, je n'hésitais que quelques secondes. Pour une raison que j'ignorais, une force me poussait à reste le plus longtemps possible près de lui. J'acceptais donc d'un petit mouvement de tête. Il commence à marcher. Je le suis. Je ne sais pas vraiment comment réagir. Me montrer amicale? Ou poser tout de suite des limites? Je sens son regard sur moi. Je baisse les yeux. Je ne dois pas croiser son regard. Surtout pas. Soudain, il se place face à moi tout en continuant de marcher à reculons. Et me fixe de nouveau. Mais il sourit. Gentiment. Pourquoi étais-tu si important pour moi Oppa?
JAE HWA : Parles moi de toi. C'est vrai, on est les seuls asiatiques de toute cette académie, et on se connaît à peine.
MIYUKI : Tu oublie Daisuke...
Daisuke. Décidément, je ne peux l'oublier. Cette phrase m'a échappé. Je me rend compte de mon erreur lorsque je vois une ombre passer sur le visage de Jae Hwa. Mais il se reprend rapidement et lâche même un rire joyeux. Gomen ne Oppa...
JAE HWA : D'accord, c'est une bien piètre manière de remettre le sujet sur le tapis. Mais ta vie m'intéresse vraiment. Nom d'un chien, je n'ai jamais autant parlé de toute ma vie. Et en attendant, tu en profites pour rester muette.
Un rire amusé s'échappe de mon gorge. A vrai dire, il ne me laissait pas vraiment l'occasion de parler! Il se tait enfin et se place à côté de moi. Le silence s'installe, seulement brisé par le bruit des vagues. Encore une fois, j'hésite. Que pourrais-je lui raconter? Ma vie au Japon? La mort de ma mère? Le suicide de mon père? La solitude que je ressens depuis leur départ? Mon mariage en préparation? Mon affection inexpliquée pour lui? Non, tout ça... Toutes ces pensées m'appartiennent. Mon passé n'est important que pour moi-même. Du moins... Peut-être ai-je tort. S'il a réellement un rôle à jouer dans mon existence, s'il a vraiment eu une place dans ce même passé que je tente de lui cacher... Peut-être devrais lui parler. Peut-être que tous ces souvenirs pourraient aider. Nous aider. Nous souvenir. Pourquoi Oppa? Qui est-tu?
Je tourne la tête vers lui et le regarde. C'est étrange. Ce sentiment... Cette envie... Me blottir contre lui, profiter de sa présence, de sa chaleur, de lui. Entièrement. Tu m'a manqué Oppa. Pourquoi? Il se rend compte que je le dévisage et me sourit. Brusquement, il place son bras autour de mes épaules. Instinctivement, je me rapproche de lui. Un violent sentiment de paix m'envahit. Mais je me rend compte de mon comportement. Ce n'est pas bien. Je n'ai pas le droit. Je m'écarte brutalement de lui et resserre les pans de ma chemise autour de moi. Comme si simple tissu pouvait me protéger de ce sentiment qui m'attire vers lui. Toute expression de joie a fui mon visage. Le doute y a prit place. Je ne sait comment agir. Comme réagir.
MIYUKI : Pourquoi ma vie t'intéresse-t-elle? Je veux dire... Le fait que nous soyons une minorité d'asiatiques à l'Académie.... Avoue que c'est une raison minable.
Je m'immobilise et le retiens par le poignet, l'obligeant à s'arrêter aussi. J'hésite de nouveau. Omo, j'ai l'impression d'être une enfant de quatre ans qui vient de commettre une terrible bêtise. J'ai peur qu'il m'en veuille. Je n'aurais pas du m'éloigner de lui aussi rudement. Ma main glisse vers la sienne, frôle ses doigts. Un contact familier qui me réconforte. Mon cœur bat un peu plus vite. Mais le visage de Daisuke s'impose à moi. Sa peau me brûle et je le lâche vivement. Je lui tourne prestement le dos.
MIYUKI : Je... Gomen nasai...
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Jae Hwa Park
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Sam 12 Mar - 20:39
Grâce au ciel, elle accepta de m'accompagner, bien que son visage ne déborde pas d'enthousiasme. Mais peu m'importait. Il semblait qu'elle avait fait un pas vers moi. Elle n'avait pas bondit, mais elle n'avait pas reculé, et je m'en trouvais pleinement satisfait.
Je lui parlais de nous, quémandais, posais des questions sur sa vie. Elle ne put s'empêcher de me renvoyer dans les orties lorsque je signalais que nous étions les seuls asiatiques de l'école. « Tu oublie Daisuke... » Je me renfrognais durant une fraction de seconde, puis décidais que ce n'était pas grave. Non, ce n'était pas grave... du moins, j'essayais de m'en persuader. Mais elle se tait, toujours, et aucun mot ne semble vouloir franchir la barrière de ses lèvres. Elle finit par lâcher un rire, un seul, lorsque je fais remarquer ce détail, puis se referme aussitôt. Petit coquillage si dur à entrouvrir, me laisseras-tu un jour les clés de ton cœur ?
Je la serre contre moi, et mon cœur, loin de s'affoler, retrouve un rythme complaisant soudain. J'ai l'impression d'avoir été créé pour ça. Que mon unique tâche est d'être là, près d'elle, ainsi que nous le sommes maintenant. Mais ce n'est pas si simple. Ça n'a jamais été simple, pas vrai Miyuki? Après s'être rapproché brièvement de moi, elle s'éloigne tout à coup et resserre sa veste autour de son corps si frêle. Tu dis ne pas avoir peur, mais qu'est-ce donc là ? Et pourtant, j'ai beau embaumer l'atmosphère de tranquillité, ton comportement ne change pas. Ce ne serait donc pas de la peur ? « Pourquoi ma vie t'intéresse-t-elle? Je veux dire... Le fait que nous soyons une minorité d'asiatiques à l'Académie.... Avoue que c'est une raison minable. » Je me raidissais, et lâchais avec un peu trop de force: « Eh bien, je ne sais pas. Peut-être parce qu'il semblerait que je suis lié à toi, d'une manière ou d'une autre. Peut-être parce que je t'aime plus que je ne devrais, pour des raisons qui m'échappent. »
Je me radoucis un peu. « Peut-être parce que tu es liée à un passé qui m'échappe. Qui nous échappe. Et que ce sentiment de plénitude, je ne le connais qu'en ta présence. » Tu es si loin de moi, tout en étant si proche... le visage baissé, je continue ma marche funèbre. Soudain, ses mains enserrent mon poignet et me forcent à me retourner brusquement. Elle prend ma main. Ses doigts sont si chauds. Puis elle s'en va. Comme d'habitude. Une brusque rebuffade de son cœur, qui s'empresse ensuite de redevenir froid. Je fixe tes yeux, mais tu te retournes immédiatement. « Je... Gomen nasai... » Je soupire brièvement. Nous aurions tant de choses à nous dire. Et tout ce qu'on trouve à faire, c'est se rapprocher de cette manière ridicule. Je suis las de ce jeu du chat et de la souris. Je suis las de faire le jouet. J'attrape les épaules de Miyuki avec violence, et je plonge mes yeux dans les siens. « Je... j'ignore ce que tu désires Miyuki, mais... quoi que ce soit, je veux savoir! » Je remets une de ses mèche rebelle derrière son oreille. « Je... je peux disparaître de ta vie. Je pourrais faire ce que tu veux ! » Un sanglot soulève ma voix. Je me fais honte. Je ne suis qu'un petit garçon capricieux. Ce que je fais est immonde. Mais... est-ce que je pense vraiment ce que je dis ? J'essaie de me dire que ce n'est qu'un moyen de pression, mais mon cœur se serre douloureusement. Oui, je sais maintenant. Ce sentiment... si mon départ pouvait la protéger des souffrances, je serais prêt. Et cette révélation me fait d'autant plus souffrir. Je me rends compte que ce qui nous lie est d'autant plus puissant.
« Mais... si tu ne m'éclaires pas... si tu n'es pas claire avec toi même... » Je serre son visage entre mes mains, et j'ai l'impression de tenir une poupée de porcelaine entre mes doigts. « Alors, je ne m'avouerais jamais vaincu. » Jamais, Miyuki. Je peux bien m'enfuir, t'oublier, si tu le souhaites, mais si tu ne sais pas toi même qui je suis pour toi, alors je n'aurais de cesse de chercher. « Je ne veux pas te faire souffrir, je ne veux pas remplacer Daisuke. Ce n'est pas mon rôle... je le sens. Mais je ne peux pas m'effacer, si tu ne me le demandes pas. Tu comprends ça, Miyuki-sama? »
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Miyuki Taeko
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Mar 15 Mar - 11:38
Ce n'est pas de la peur. Ce n'est même pas le rejet d'une attirance interdite comme mon comportement pourrait le faire penser. Je ne comprend pas ce sentiment. J'ai envie d'être près de lui. Mais ce n'est pas comme avec Daisuke. Avec Jae Hwa, c'est... innocent. Cela ressemble plus à une tendre relation entre un frère et une sœur plutôt qu'entre deux amants. J'ignore totalement pourquoi il m'est si familier, comme si je le connaissais depuis toujours, comme si je pouvais avoir totalement confiance en lui, ne jamais douter de lui et de son soutient. Mais pourquoi lui et pas un autre? Pourquoi ne puis-je l'accepter dans ma vie? Pourquoi dois-je toujours m'éloigner de lui, encore et encore? Pourquoi ne pas lui accorder une place dans mon cœur? Juste, l'accepter en tant que simple ami... Dieu que toute cette histoire est compliquée! Et toujours, je le repousse. Et toujours je me montre cruelle envers lui, sans jamais réellement le vouloir. Réaction instinctive.
MIYUKI : Pourquoi ma vie t'intéresse-t-elle? Je veux dire... Le fait que nous soyons une minorité d'asiatiques à l'Académie.... Avoue que c'est une raison minable. JAE HWA : Eh bien, je ne sais pas. Peut-être parce qu'il semblerait que je suis lié à toi, d'une manière ou d'une autre. Peut-être parce que je t'aime plus que je ne devrais, pour des raisons qui m'échappent.
Je le fixe un instant puis détourne brusquement la tête. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas normal du tout. Les mots qu'il vient de prononcer résonnent dans mon âme, font écho aux propres sentiments qui m'envahissent entièrement. Nous ne sommes pas si différents, n'est-ce pas Oppa? Sa voix s'adoucit, baume réconfortant pour mon cœur.
JAE HWA : Peut-être parce que tu es liée à un passé qui m'échappe. Qui nous échappe. Et que ce sentiment de plénitude, je ne le connais qu'en ta présence.
Mais toujours, j'ai cette impression ancrée profondément en moi. Ce n'est pas bien. Ma présence près de toi est interdite. J'en ignore la raison mais c'est une idée qui me vient automatiquement. Mon corps agit seul. J'attrape ton poignet, ta main, serre légèrement tes doigts entre les miens. Contact rassurant qui me trouble toutefois. Je ne devrais pas agir ainsi. Pour lui, pour Daisuke, pour moi. J'ai l'impression d'être une hypocrite, une garce qui s'amuse avec son nouveau jouet. Ce n'est pas ce que je veux. Jamais. Je lâche brusquement sa main, me détourne.
MIYUKI : Je... Gomen nasai...
J'entends son soupire de frustration, d'énervement. Mais je suis sincère. Je suis désolé. Terriblement désolé. Je devrais partir, m'éloigner. Oui, c'est une bonne solution. Je lui jette un dernier regard puis commence à m'éloigner. Gomen ne... Mais brusquement, il me retient, m'oblige à lui face, m'emprisonne. Il plonge son regard dans le mien. Je détourne la tête.
JAE HWA : Je... j'ignore ce que tu désires Miyuki, mais... quoi que ce soit, je veux savoir!
Ce que je désire? Partir, m'éloigner, m'enfuir, ne plus souffrir. Mourir, peut-être? Mes yeux se remplissent de larmes douloureuses. Pourquoi me torturer ainsi Oppa? Toi-même tu sais que quelque chose cloche, que nos mémoires ne sont pas complètes. Je ne veux pas fouiller le passé. Ça fait beaucoup trop mal. Laisse moi oublier Oppa. Pitié... J'essaie vivement de me dégager de son étreinte. Laisse-moi... Ses doigts frôlement mon visage lorsqu'il replace une de mes mèches derrière mon oreille.
JAE HWA : Je... je peux disparaître de ta vie. Je pourrais faire ce que tu veux ! Mais... si tu ne m'éclaires pas... si tu n'es pas claire avec toi même...
Ce serait certainement la meilleure chose à faire. Pour tout le monde. Mais je ne peux m'y résoudre. Je dois fuir. Je suis la coupable dans cette histoire. Sa voix se fond dans un sanglot qui me déchire le cœur. Je suis cruelle. Ce n'était pas mon intention. Il emprisonne mon visage dans ses mains, tendrement mais fermement et m'oblige à le regarder dans les yeux. Non, ne fais pas ça...
MIYUKI : Laisse-moi Jae Hwa...
Je ne me débats plus. A vrai dire, je ne sais plus ce que je veux. Partir ou rester? Vivre ou mourir? Totalement perdue, je sens les larmes glisser doucement sur mes joues. Non, Miyuki reprend-toi! Tu ne dois pas pleurer! Seuls les faibles pleurent!
JAE HWA : Alors, je ne m'avouerais jamais vaincu. Je ne veux pas te faire souffrir, je ne veux pas remplacer Daisuke. Ce n'est pas mon rôle... je le sens. Mais je ne peux pas m'effacer, si tu ne me le demandes pas. Tu comprends ça, Miyuki-sama?
Pourquoi es-tu si important? POURQUOI ? Pourquoi tes mots me font-ils aussi mal, pourquoi ton regard m'est aussi douloureux? De quelle manière suis-je attachée à toi? Pourquoi as-t-on délibérément effacé ces souvenirs qui nous liaient dans le passé? Je ne veux pas me souvenir. Laisse-moi...
MIYUKI : Ne... Ne pars pas. Tu ne peux pas. Mais ne me demande pas de faire ça. Ne me demande de fouiller mon esprit. Pitié...
Avatar : Ok Taec Yeon Crédits : devil rebellion Citation : ces plaisirs violents ont des fins violentes Messages : 28
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Jae Hwa Park
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Lun 28 Mar - 21:24
Miyuki. Ces larmes me sont-elles destinées ? En voulant te libérer, nous libérer, est-ce de la douleur que je fais naître en toi ? Est-ce que ces larmes qui coulent sur mes doigts, qui brûlent mon cœur, sont le résultat de mon égoïsme ? Est-ce que ta tristesse est le fruit de mon insistance ? Je voudrais effacer ces rivières de tes joues, faire disparaître ces perles de tes yeux. Mais en ai-je vraiment le pouvoir ? Il me semble que plus nous avançons, plus nous nous enfoncons dans les dédales d'un labyrinthe inextricable. Plus je cherche la solution, et plus celle ci se dérobe. Plus je me débat, et plus j'étouffe. Et je t'entraîne avec moi. Je ne veux pas de ça.
J'essuie de l'index la larme qui s'apprête à tomber de ses paupières. « Laisse-moi Jae Hwa... » T'abandonner ? Je pourrais m'y résoudre. Mais pas alors que tu es là, poupée de chiffon ballotée par les vents, aux joues striées de cicatrices humides. Je ne peux pas. Pas plus que tu ne peux t'échapper maintenant. Pas plus que tout ceci ne peut avoir de fin. Derrière nous, la mer se dechaine, et bien que le ciel soit toujours bleu, au dessus de nous, je sens ses embruns qui montent, montent, lentement, et le vent qui vient nous fouetter. Dos aux rafales qui me giflent la peau à travers le fin tissu de ma chemise, je protège ce pauvre corps soulevé de légers sanglots. Non, Miyuki. Je ne partirais pas maintenant. Pas tout de suite. J'en suis tout simplement incapable.
« Ne... Ne pars pas. Tu ne peux pas. Mais ne me demande pas de faire ça. Ne me demande de fouiller mon esprit. Pitié... » C'est donc ça, qui te fais si peur ? Ce n'est pas ma présence qui t'effraie, mais ton passé ? Que me caches-tu, Miyuki, pour tant craindre ce qui est passé, ce qui n'est plus ? Même ces peurs là, si profondes, si violentes, je ne suis pas sûre de pouvoir les apaiser. Je lache son visage tremblant, et mes deux bras viennent serrer son corps, comme ils auraient toujours dû le faire. N'aie crainte. Si mon pouvoir est impuissant, mon corps et mon esprit ne le sont pas, et quel que soit le danger, je serais là. « Je ne veux pas que tu aies peur. » Je la berce vaguement, les oreilles tendues derrière moi, vers les tempêtes et le froid. Aurais-je le pouvoir de chercher à ta place, de chercher ce que je ne connais pas, de découvrir ce qui est inconnu ? De m'élancer au dessus du vide, en espérant que l'air me retiendra ? En serais-je capable ? J'aime me dire qu'avec toi à mes côtés, tout est possible, mais je sais que la réalité est toute autre. Je n'ai pas la présomption de me clamer surhomme. Être un vampire défit les limites physiques, mais pas mentales. Je ne peux que prier, désormais. Prier, en espérant que quelque chose, quelque part, en haut ou au fond de moi, me donne la force d'y arriver. Car là est la clé, n'est pas Miyuki-sama ?
« Ce sera moi, qui découvrirai notre secret. » Je penche mes yeux vers les siens, tendrement, et lui sourit avec entrain. « Ne t'inquiète pas, Miyuki. Tout ira bien. Tout ira très bien. » Et bientôt, nous serons à nouveau réunis. Qui serons-nous l'un pour l'autre ? L'avenir le dira, ou pas. J'ai un peu peur de ce que je pourrais découvrir, mais n'est-il pas ridicule, poour celui qui contrôle la peur, d'être effrayé ? Je caresse ses cheveux d'un mouvement étrangement familier, les yeux perdus dans le vague, perdus dans le futur et le passé, qui se mêlent et s'entremêlent. Et tout se mélange. Qu'est-ce qui existe, qu'est-ce qui n'existe pas ? Je n'ai plus aucune notion de tout cela. Tout est flou, soudain, et seule la présence de Miyuki me retient encore.
« Et si on rentrait ? Le soleil commence à percer les nuages. » Je me détachais d'elle, un sourire goguenard aux lèvres. J'étais redevenu le Jae Hwa d'avant. Le garçon fier et arrogant que j'avais toujours été. Je cache le trouble qui sème le doute en mon âme par cette allure assurée et tranquille. Elle ne doit pas savoir. Sinon, quelle légitimité auront mes paroles ? Plus qu'avec n'importe qui, Miyuki doit se sentir en sécurité avec moi.
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Miyuki Taeko
Sujet: Re: abracadabra • miyuki and jae hwa Mer 6 Avr - 22:08
Je sens ses doigts glisser doucement sur ma joue, écrasant au passage les larmes qui brillent sur ma peau. Un geste tellement familier, comme si nous avions vécu cette scène un nombre incalculable de fois. C'était un sentiment étrange de déjà-vu. Tellement puissant qu'il en devenait douloureux. D'habitude, le bruit des vagues m'apaisait. Aujourd'hui, j'y étais indifférente. Totalement prisonnière d'un tourbillon de sensations qui m'étaient jusqu'alors étrangères. C'était déroutant. Je me rendais compte que la présence de Jae Hwa auprès de moi m'étais essentielle, presque vitale, comme celle de Daisuke mais d'une façon différente. Mon amour pour chacun d'eux n'était pas le même mais j'étais incapable de les définir et de constater clairement l'élément qui les séparaient l'un de l'autre. Ne pas me comprendre moi-même, c'était quelque chose de réellement frustrant! Et le fait de pleurer toutes les larmes de mon corps sans autre raison que cette douleur inexplicable était surprenant car je n'avais pas pour habitude de verser une larme pour la moindre petite chose dérangeante.
Or, j'étais véritablement en proie avec une crise de larme monumentale, mon corps tout entier secoué par d'incontrôlables sanglots. Peut-être étais-je finalement en train de sombrer dans la folie? Après tout, je m'y attendais. J'avais vécu de tels moments que toute autre personne serait devenue cinglée avant moi. Sans doute troublé par mon comportement, Jae Hwa m'entoura de ses bras, me ramenant contre lui dans un geste réconfortant, rassurant. Alors, j'eus l'impression que mon corps était naturellement fait pour se blottir contre le sien. Je me laissais aller contre lui, tentant de calmer ce chagrin inexplicable qui me rongeait entièrement et qui m'approchais un peu plus, à chaque instant, de cette folie que je n'avais cessé de fuir depuis plusieurs mois.
JAE HWA : Je ne veux pas que tu aies peur.
Mais je n'ai pas peur. C'est bien là le problème. Je me bas juste contre un monstre invisible qui tente de m'entraîner dans les noires profondeurs de mon esprit perdu. Pourquoi aurais-je peur alors que tu es-là, m'empêchant de sombrer pour de bon, sans même t'en rendre compte? Mes mains se glissent sur ton torse, accrochent ta chemise et je sers douloureusement les dents pour m'empêcher de hurler. Je n'ai pas peur. Soudainement, les souvenirs longtemps enfouis s'imposent à moi, indéchiffrables. Je ne les comprends pas, ils apparaissent puis disparaissent aussitôt. Veille sur elle Jae Hwa... Promets-le! J'ai cinq ans. Mes yeux se posent sur une silhouette légèrement plus grande que la mienne. Elle se retourne, me sourit, cours vers moi, m'attrape et me fais tourbillonner dans les airs, déclenchant chez moi un rire joyeux. Flash. J'ai sept ans. Assise sur le banc, près de l'étang du manoir familiale, je ressers mon manteau autour de moi tandis que je lève les yeux vers le ciel et ouvre la bouche pour tenter de gober un flocon de neige. Un rire me fait détourner la tête. Il est là, Daisuke à ses côtés. Je m'élance vers lui et me sers contre son corps qui s'approche à grand pas de l'adolescence, tandis que je reste dans l'enfance. Tu m'a manqué Oppa.
JAE HWA : Ce sera moi, qui découvrirai notre secret. Ne t'inquiète pas, Miyuki. Tout ira bien. Tout ira très bien.
Sa voix me ramène à la réalité, faisant disparaître les restes d'une vie passée. Je lève la tête en clignant des yeux. Mon regard croise le sien. Il me sourit tendrement. Mais je suis incapable de lui répondre, trop perturbée. Il était toujours là. Dans chacun de ces souvenirs qui me revenaient par flash, il était là. Pourtant, j'étais certaine de ne l'avoir jamais rencontré auparavant. De toute évidence, je me trompais largement sur ce que je croyais. Il se détacha de moi, affichant ce sourire arrogant que je détestais. J'essuyais mes joues d'un geste rageur, reniflant une dernière fois puis détourna la tête. Je reprenais le contrôle. J'avais été élevée comme ça. Ne rien laissé paraître. J'avais succombé à la faiblesse. Ça n'arriverait plus. Du moins, plus en présence de quelqu'un. Je ne voulais pas de la pitié des gens. Je ne voulais pas de l'aide des autres. Nous aurions pu rester ainsi, serré l'un contre l'autre, pendant l'éternité entière. Pour nous autres, vampires, l'éternité n'était rien. Cela ne m'aurait pas dérangé. Il s'était écarté le premier. Je ne pouvais m'accrochais à lui. Je n'en avais pas le droit. Cela aurait été égoïste. Je détournais la tête, mon regard se durcissant alors qu'il se posait sur l'horizon.
MIYUKI : Je suis désolé de t'avoir fait subir ça... Je n'ai pas pour habitude de pleurer...
JAE HWA : Et si on rentrait ? Le soleil commence à percer les nuages.
Je levais la tête vers le ciel. En effet, le ciel s'éclaircissait dangereusement. Je hochais la tête et commençais à reprendre la direction de l'Académie. Mais j'étais incapable de faire semblant en sa présence. Je m'arrêtais, la tête baissée, attendant qu'il me rejoigne. Lorsqu'il fut près de moi, j'hésitais quelques secondes avant de glisser mon bras sous le sien, déposant ma tête contre son bras. Seigneur que ce garçon était grand. Cela me ferait presque déprimée de mon mètre soixante. Ma petite taille ne m'avais jamais dérangé. Mais à côté de Jae Hwa, j'avais l'impression d'être une enfant. Je souriais légèrement, amusée par mes propres réflexions.
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