Stuart restait dans le bureau du commissariat qui l'avait vu faire tant d'heure de service. En règle générale, il restait fort peu de temps dans les bureaux, préférant l'action dans les rues plutôt que le calme simplement interrompu par le bruit des tapotements sur un clavier ou encore des photocopies qui noircissait des feuilles blanches à longueur de journée. Alors pourquoi être toujours assis devant ce bureau en bois surmonté par la petite plaque dénommant le commissaire des lieux ? C'était un rendez-vous, disons, peu conforme pour notre ami suite à une nuit, quelques semaines plutôt, qui avait mit à mal la vision du reste du service à son égard. La porte fini par s'ouvrir, laissant entrer 2 personnes, un homme et une femme, provoquant le redressement de Stuart de sa chaise.

"Agent Redwood, je vous présente le docteur Hawkes. Elle va vous poser quelques questions afin de comprendre… ce qui c'est passé ce soir là…"

Il y avait eu un peu d'hésitation dans la voix du maître du lieu, comme si les paroles de l'agent de police avait été une aberration sans non. Et quand on y pense, il n'était pas loin du compte, Stu se demandait même toujours comment il aurait pu poser les mots sur ce bout de papier nommé rapport. Pourtant, il était sûr de ce qu'il avait vu. Le commissaire et le docteur qu'il l'accompagnait, une jolie demoiselle blonde dont le parfum rappelait une douce matinée de printemps, prirent place sur les chaises qui restait vacante dans le bureau. Stuart passa une main derrière sa nuque, de peur de ce qui allait être dit et des questions qu'on allait lui poser. Peut-être que dans dix minutes, il allait être classé comme vous et être suspendu… même si la suspension était monnaie courante pour lui.

"Monsieur Redwood, nous allons commencer par le début. Vous êtes né à Londres mais racontez-moi votre enfance ?"

"Qu'est ce que vous voulez que je vous dise ? Que je suis un enfant battu, martyrisé par un père qui buvait comme un trou et oublié par une mère tout le temps défoncée ? Non, désolé, mais vous ne risquez pas de trouver quoi que ce soit de choquant dans mon enfance." Stuart marqua un instant de silence, voulant faire de cette phrase provocante une réponse définitive à cette question, ne voulant pas plus se pencher sur son enfance alors qu'il avait fait un trait sur cette dernière. Mais le regard impassible de la psy lui fit comprendre que ce n'était pas une réponse valable pour elle. Stuart tourna les yeux vers le ciel en retenant un soupir qui pourtant criait pour sortir de là. "Ma mère est morte en me mettant au monde, je ne l'ai jamais connu que d'après des photos qu'on pouvait trouver dans les albums. Contrairement à ce que vous pouvez penser, mon père ne m'en a jamais voulu pour la mort de sa femme, au contraire. Il a tout fait pour que je ne manque de rien, il s'est battu pour que ma vie soit normale, même avec l'absence d'un de mes deux parents. Mon enfance à été sans histoire, je me tenais dans la moyenne à l'école, j'étais certes un peu bagarreur mais comme la majeure partie des garçons de cet âge, pas de quoi en faire tout un foin."

Elle gribouilla sur son carnet quelques notes avant de replonger sur moi un regard totalement neutre. D'un regard rapide, Stu jeta un coup d'œil au commissaire qui lui, restait assis sur sa chaise, les mains jointes devant sa bouche.

"Une fois vos études terminées, vous êtes donc rentré dans l'école de police de Londres."

"Oui, ne me demander pas pourquoi, j'avais envie de faire ce boulot de flic depuis que j'étais gamin. Vous voyez, comme jouer aux gendarmes et aux voleurs mais pour de vrai. Je dois avouer que mon père était plutôt fier de me voir en uniforme, je faisais même la une des journaux après l'arrestation de ce tueur en série qui à fait 12 victimes à Londres. Une autre fois quand j'ai stoppé un trafic de drogue. J'étais considéré comme un super flic pour certains…"

"Et pourquoi avez-vous du quitter la police Anglaise pour venir ici, en Irlande ?"

"A cause des autres. J'avais des bons résultats, mais certaines personnes jugeaient mes actions un peu trop… violente. Le commissariat avais des plaintes de personnes qui m'avait vu arrêter des suspects d'une manière un peu trop brusque."

"Et pour vous ?"

"Je ne faisait que mon travail. Ils ont décidé de me suspendre, une fois, deux fois. De me mettre dans un bureau puis de me flanquer aux archives. Finalement, ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, ce qu'ils avaient envie de faire depuis pas mal de temps et m'ont viré." Stuart continuait d'observer tantôt l'un, tantôt l'autre des ses interlocuteurs. Enfin, une interlocutrice et un spectateur. Il savait que sa réponse n'était pas complète et que si il ne continuait pas de lui-même, c'était elle qui allait lui poser la question sur le ton monocorde qu'elle avait employé jusque là. "J'avais rencontré une fille quelques mois avant d'être viré. Une irlandaise qui avait décidé de s'installé avec moi à Londres. Une fois que j'ai été viré, elle m'a proposé de retourner chez elle, en Irlande, et de recommencer nos vies dans une nouvelle ville. J'ai accepté et c'est comme ça que j'ai atterri ici."

"Et avec votre compagne, tout va bien ?"

Stuart redoutait cette question plus que tout. Il se tourna, cette fois, radicalement vers son supérieur en lui posant un regard qui n'avait rien d'implorant, mais qui voulait plutôt ordonné à ce dernier d'empêcher la psy de poser la question et d'y attendre une réponse. Voyant qu'il n'y avait aucune réaction de sa part, il du se résigner à y répondre. "On a divorcé il y a deux mois. Je n'ai plus de nouvelle d'elle, si ce n'est pour venir chercher ma fille un week-end sur deux. Et encore, on ne peut pas vraiment dire qu'elle m'adresse encore la parole."

"Vous avez du être effondrer après ça ?" La question avait été posée avec tellement peu d'intonation que Stuart se demanda si elle avait réellement un cœur sous sa carcasse, ou si les problèmes des autres ne l'intéressaient absolument pas. Voyant que son "patient" ne répondait pas, elle continua ses questions, en levant le regard de son calepin vers Stuart, l'une des premières fois depuis le début de cette entrevue. "Racontez-moi ce qui c'est passé cette nuit…"

Le commissaire ferma les yeux à ce moment précis, comme si il préférait ne pas entendre ce qui allait suivre.

"J'ai déjà tout raconté dans mon rapport. J'étais entrain de faire une patrouille quand j'ai remarqué deux suspects. J'ai voulu les interpeller quand j'en ai vu un troisième accroupi, pencher sur un autre homme. Quand je leur ai demandé si tout allait bien, ils m'ont regardé et c'est là que j'ai vu que celui accroupi avait du sang sur le visage. J'ai alors sorti mon arme et ils ont pris la fuite. J'ai décidé de les poursuivre, mais il était rapide, c'est alors que j'ai fait feu sur un d'entre eux, après les sommations d'usage. Je lui ai tiré 6 balles sur tout le corps, ça l'a a peine ralentit. Il s'est alors retourné vers moi et il m'a lancé une boule de feu…" Le regard de la psy se releva une fois de plus, mais cette fois-ci, elle était plus interloquée comme pour être sûre de ce qu'elle avait bien entendu. Stuart n'y prêtât pas plus attention, il avait l'habitude que les gens aient ce genre de réaction. "Je l'ai évité et ils ont pris la fuite. C'est tout. Maintenant, si vous voulez remplir votre rapport, vous pouvez les faire, moi, j'ai du travail qui m'attend. Je dois retrouver ces mecs et leurs donner ce qu'ils méritent."

Stuart se leva sa attendre l'approbation si du docteur ni de son chef avant de quitter le bureau.