(c) pixxou

« Show me what you got, show me show me how !»
Private to Noah

Dis’ regarda à droite, puis à gauche avant de traverser. Oui, monsieur fait attention et ne traverse pas comme un malade, comme les gens pourraient le penser ! Bon, d’accord, il ne se trouve pas sur un passage piéton. Et oui, d’accord, il traîne un cadavre derrière lui. Se grattant derrière l’oreille, une cigarette dans le bec, il commença à réfléchir. Il tenait le corps d’une jeune femme par la cheville, et il l’avait traîné nonchalamment jusqu’ici comme ça. Il se demanda encore une fois qu’allait-il faire de son cadavre. Comment être original, une fois de plus ? Il était dans la rue de son appartement. Elle n’était pas déserte mais les quelques personnes miteuses qui y traînaient ne semblaient pas effrayées, ni mêmes curieuses. Ça avait été très facile de faire de cette belle blonde son casse croûte. Il l’avait séduite, il l’avait invité à prendre un verre chez lui et il l’avait mordu. Trop simple. Même pas drôle. C’est de moins en moins drôle.. Il lâcha la cheville de la jeune femme avec désinvolture et plongea sa main dans sa poche à la recherche de son briquet. Il était tout propre, pas la moindre tache de sang sur ses vêtements, rien. Il avait fait tout ça dans le calme et… Trop facile. Il alluma sa cigarette, tira une bouffée, souffla toute la fumée sur une passante qui passait devant lui sans même chercher à le regarder et reprit la cheville de sa victime. « Que vais-je faire de toi ? » Il jeta un coup d’œil par dessus son épaule, regardant furtivement les courbes de la blonde. « En plus, j’aime même pas les blondes… » Sans tenir sa cigarette, il l’agitait entre ses dents, regardant à droite et à gauche les moindres recoins de la rue. Ce soir là, il n’avait vraiment pas une once d’imagination. Le sang de la blonde ne lui avait rien procuré du tout, mis à part étancher sa soif. Parfois, ça le motivait à aller embêter quelqu’un ou à chercher un moyen original de se débarrasser du corps. Mais elle, elle était vraiment nulle. Limite, il allait la jeter dans une poubelle sans même se poser la question. Il tourna dans une petite ruelle sombre, effectuant toujours le même jeu avec sa cigarette, alors qu’elle se consumait sans même qu’il ne la fume. Il n’avait même pas eu besoin de se changer alors qu’il avait un Marcel blanc. Il avait tué une humaine, il avait bu son sang habillé d’un Marcel blanc et il n’avait même pas eu besoin de se changer ! D’habitude, sa victime se débattait, elle mettait du sang partout, sur son lit, sur le sol, sur les murs, sur ses vêtements, et là. Rien. Autant le dire tout de suite, il est de mauvaise humeur. Il est irrité. C’est qu’il aime la difficulté le p’tit gars ! Contrarié, il renforça sa poigne sur le corps de la jeune femme et, sans aucun effort, la lança avec nonchalance contre une poubelle, comme on l’aurait fait avec une balle pour un chien. « Voilà, voilà, c’est tout ce que tu gagnes à être une fille facile ! » Il la regarda un moment. Son visage était caché par des mèches blondes, seulement, une partie de son coup était visible et on pouvait apercevoir deux petits trous discrets. Elle était habillée d’une mini jupe noir avec une chemise bleu ciel. De plus, elle avait tout l’air d’une droguée. « Voilà, les gens vont te prendre pour une fille qui a fait une overdose. J’aime l’originalité, bravo. » Attrapant sa cigarette, il la regarda un moment, attentif. « Tu vois, ma dernière victime, je lui ai ouvert le ventre et je l’ai gavé de mégot de cigarette. Puis je l’ai jeté du toit d’un immeuble. Ça c’est original. » Il tira une dernière bouffée de sa cigarette jusqu’à ce qu’il atteigne le filtre, alors il se rendit compte qu’il l'avait vraiment gâché et qu’elle s’était consumée toute seule depuis qu’il l'avait allumée, il y a à peine cinq minutes. Il tenait le mégot encore fumant entre son index et son pouce. Il se pencha, dégagea les mèches de cheveux qui cachait le visage de la jeune femme et la regarda longuement. Puis il jeta le mégot par dessus son épaule et se leva. « Aller, bonne nuit, je m’arrache. » Sans plus jeter un coup d’œil au corps de la jeune femme qui gisait, inerte, contre la poubelle, il sortit de la ruelle, comme si de rien n’était. Il s’arrêta au milieu de la rue et regarda autour de lui, tout en passant une main dans ses cheveux. Un sans-abri dormait devant une vieille boutique désaffectée, une bouteille de whisky à ses pieds. Dis’ la récupéra avec précaution, et alors que le sans-abri émit un petit grognement et commença à remuer, Dis’ fit un bon en arrière. « Pas bouger ! Gentil ! » L’homme se réveilla, son regard attiré par la bouteille. Dis’, se pinçant les lèvres, regarda l’homme, puis la bouteille qu’il serrait dans ses bras comme un enfant. « Euh… Elle est à moi. Du moins, à partir de maintenant.» L’homme commença à se lever, son regard ne quittant pas la bouteille. Alors Dis’ partit en courant, hurlant à qui voulait l’entendre qu’un pervers le poursuivait pour le violer, un énorme sourire sur les lèvres. Au bout d’une quinzaine de mètres, le sans abri, déjà ivre mort, était tombé, inerte au milieu de la rue. Dis’ se retourna, commençant à marcher à reculons. « Ciao mon pote ! » Un rire sadique émana de sa gorge. « Ha ha. Gros débile. »

« (...) et tâchez de ne pas vous écarter de la piste. Fin ... » Un murmure, un simple murmure qui venait de briser ce silence morbide dans cette chambre. Un autre livre de finit, une autre occupation de finit. Soupirant un lourd instant, la jeune femme referma lourdement le livre dévoré en quelques heures avant de le reposer sur son étagère. Plus rien, elle n'avait plus rien à lire. Regardant de gauche à droite et inversement, elle n'avait rien d'autre à lire. Tout à coup, l'ennuie fit un énorme bond en elle et .. C'était pire que tout. Il n'y avait rien de plus énervant pour elle que l'ennuie. D'habitude il y avait toujours quelque chose à faire .. Mais, ce soir là il n'y avait strictement rien. Le vide. Noah jeta un bref coup d'oeil vers la fenêtre. Sortir ? Pourquoi pas. Ce n'était pas encore le couvre-feu et puis qui sait, peut être que se balader un peu allait la faire changer d'idée. Soit. Haussant simplement les épaules, elle se pencha pour attraper une paire de chaussure qu'elle enfila bien vite. Son arme dans la poche intérieure de sa veste - au cas où - elle devait se mettre sur garde, parce que oui sortir en ville à une heure pareille c'était .. Pas mal dangereux. Inconsciente ? Non. Simplement ennuyée. La voilà qu'elle marchait dans les couloirs, puis des couloirs jusqu'à la cour et de la cour jusqu'à l'extérieur et ainsi allait la vie. Nuit, il faisait nuit. Une soirée sombre, le ciel était noir tel de l'encre. Rien de bien rassurant certes mais, maintenant qu'elle était dehors, elle n'allait certainement pas rentrer maintenant à l'académie. Puis quoi encore .. Secouant simplement sa tête de gauche à droite et glissant ses mains dans sa poche, l'étudiante marchait jusqu'à enfin trouver la ville. Une grimace s'afficha sur son visage pâle automatiquement. Il n'y avait que très peu de monde, on aurait cru à une ville fantôme. A cette pensée, un rire sec sortit simplement de ses lèvres. Pour une fois que ce n'était pas bourré de monde, pour une fois qu'il y avait de l'air. Ce que c'était grisant de revenir ici, ça faisait pas mal de temps qu'elle n'était plus revenue dans ce coin. Dans cette ville si bien peuplée, dans cette ville où le drame de sa vie c'était passé. Un petit moment d'absence, et Noah était plantée là comme une idiote, à se remémorer la disparition de sa soeur cadette, sa petite main qui avait lâché la sienne .. Horreur. De longs et désagréables frissons parcoururent sa colonne vertébrale, STOP. Suffit, c'était pas le moment pour se mettre à déprimer, pour se mettre à partir dans le passé. Secouant sa tête brune, un lourd soupire sortit de ses lèvres avant qu'elle ne murmure pour elle même. « Bordel. » C'était pas spécialement mignon, c'était pas spécialement appréciable mais c'était sorti tout seul.

Se décidant à de nouveau marcher et ne pas rester comme la première des idiotes à ne rien faire, sur cette grande place, elle décida de s'aventurer dans un quartier. Plus elle s'avançait et plus elle voyait la misère. La misère ouais .. Des pauvres sans domiciles fixes un peu partout, des maisons très peu chaleureuses voir carrément insalubres et à la limite de s'effondrer. Quartier pauvre, oui surement. De la peine, mais un peu plus de dégout qu'autre chose, elle regardait, examinait toute la misère qui pouvait être .. Dans un simple quartier. Comme quoi, la vie n'était pas rose avec tout le monde. Dans ces moments là, elle se sentait chanceuse d'être dans cette académie, d'avoir un endroit où dormir. « Pas bouger ! Gentil ! » Hein ? Quelqu'un était là à cette heure ci ?! Yeux presque exorbités, son regard longea le long du mur. Plus loin, à quelques mètres plus loin .. Un type au sol et un autre qui lui faisait face. Trop de mal à identifier, trop de mal à voir qui était qui. Mais à ce qu'elle pouvait entendre, et ce qu'elle pouvait constater, la personne au sol était surement un sans domicile fixe et l'autre .. Une personne qui cherchait les problèmes ou quelque chose de ce genre. La curiosité était un vilain défaut chez elle, et mine de rien Noah était en train de s'approcher de la scène. « Euh… Elle est à moi. Du moins, à partir de maintenant.» Cette voix .. Oh cette voix qui ne lui était pas inconnue. Mais, sur le coup elle n'arrivait pas à mettre une tête à cette voix. Pourtant, la jeune femme la connaissait trop bien, mais sur le coup, rien. Un gros vide que l'on pouvait dire. Puis d'un coup à l'autre VLAN, le voilà en train de courir et de .. beugler comme un dingue qu'il se faisait poursuivre par un violeur. Pauvre type n'empêche. Une sublime course poursuite et Johanson décida de s'en mêler, c'était pour sa curiosité, pour voir qui était le fou qui hurlait comme une femme. Puis tout à coup un bruit sourd, le vieux sans abris était au sol, complètement étalé. Il en pouvait plus, soit la fatigue ou autre chose, Noah n'y prêta que très peu d'attention - manque d'humanisme ? Ouais un petit peu par moment. « C'est quoi ce .. » Phrase non finis, phrase dite inconsciemment pour elle même. On avait beau dire ce que l'on voulait, il arrivait qu'elle se parle à elle même. La cadence venait de ralentir pour se transformer en simple pas et tout à coup. « Ha ha. Gros débile. » Son regard bleuté se dirigea vers celui qui venait d'assurer ça avec un rire pas spécialement rassurant et qu'elle surprise en voyant le visage de l'interlocuteur. Un jeune frisé - enfin jeune, il paraissait jeune - pas plus gros qu'un stick mikado et avec deux yeux verts. Rah non pas possible. Depuis combien de temps elle n'avait plus vue ce visage, ce visage sarcastique qui avait voulu lui faire péter un sacré plomb. Les yeux presque exorbités, elle ne s'y attendait pas .. Enfin comme quoi, tout pouvait arriver dans ce monde. Secouant sa tête brune elle glissa ses mains dans les poches de sa veste, la jeune femme tenait à garder une certaine distance au cas où. A ne pas oublier que le frisé était une bête sanguinaire et que même si pour le moment il n'y avait pas eu mort d'homme, elle préférait rester sur ses gardes. « J'y crois pas ... » Jamais elle n'aurait penser le revoir un jour, tout du moins même si c'était rare ça terminait de la façon. Tout commençait doucement mais ça finissait en une genre de bataille, rien de bien méchant à vrai dire .. Très peu de blessures et pour le moment aucun des deux n'étaient morts. Noah s'étonnait elle même, pourquoi elle ne le tuait pas tout d'suite ? Peut être parce que simplement Disturbia était pas mal comique, cette façon dont il voulait la faire tourner en bourrique. Un jeu oui, mais un jeu dangereux. « T'as pas honte de faire ça à un pauvre type ? » Petite leçon de morale, franche et direct, et puis à quoi bon s'enquiquiner à ne rien dire, autant engager un minimum de conversation, même si ça n'allait mener nulle part. Pour l'instant aucun geste brusque, pour le moment oui. Même si elle abritait une haine sans fin pour les vampires, elle savait avoir un minimum de conversation avant de passer aux choses sérieuses. « Tu l'as tué rien qu'en courant, bravo. » Ironique, sarcastique. C'était pas spécialement méchant, c'était juste la vérité des choses. Son visage ne présentait aucun sourire, neutre, totalement neutre. Froide ? Peut être, elle l'était légèrement sur les bords.

Disturbia adorait se servir des gens pour rire, il préférait ça à les faire rire même. Il se servait de tout et de rien pour rire, de toute façon. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il vit pour le rire, ni même que ce serait sa plus grande passion, mais disons que sa principale occupation est l’humour, la rigolade. L’humour pas forcément partagé, d’ailleurs. Bien qu’il aime faire rire les autres, ce n’est pas sa plus grande préoccupation. Du moment qu’il se fait rire lui même, c’est le principal. Surtout que c’est assez compliqué de faire rire les autres quand on est comme lui. Alors voilà, situons dans la péripétie présente, le malheur des autres c’est aussi une façon pour lui de se bidonner. Que ressentit-il pour cet homme ? Strictement rien. Il n’était qu’un ‘sandwich’ à pattes pour lui, rien de plus, juste une enveloppe à sang. Il vit au cœur d’un garde manger énorme ! Il déteste les humains, la vermine. Vous me direz, mais il boit leur sang ! Il aime leur sang mais pas leur esprit, leur faiblesse, leur lâcheté, leurs peurs, leurs sentiments ridicules, leur mortalité, leur façon de vieillir. Il a tout d’un dictateur, si vous voulez mon avis. Il se verrait bien en tyran, c’est vrai. Mais bon, revenons en au fait. Savoir que cet homme ivre mort le poursuivait ne lui intimait même pas la moindre trace de pitié ou de rancœur. Rien. Il ne ressent rien pour lui. Il n’a pas honte de lui, il éprouve même plutôt un plaisir fou à faire courir cet homme désespéré derrière. Et pourquoi ? Pour une simple bouteille qu’il a dérobée. Bouteille dont il ne sait même pas ce qu’il va en faire. La boire ? Alors qu’il ne sait même pas où elle a traîné ? Il hésite encore. Il aimerait bien aussi la faire exploser sur la tête de quelqu’un en la laissant de sa fenêtre… La vie d’un humain ne se résume à rien. Lui, il court après une bouteille, c’est pathétique. Il se retourna, marchant à reculons, décontracté et nonchalant, comme si de rien n’était. En même temps, si il y avait quelqu’un en face de lui, à cette heure, elle se pousserait, manquerait plus que ce soit à lui de se pousser, nan mais où irait le monde ? Le corps de l’homme était là, face contre le bitume. Il ne bougeait plus. « Ha ha. Gros débile. » Trop la honte. Le désespoir de l’homme n’a pas de limite, se disait-il. Tous des incapables. Il n’avait même couru vite. De plus, il avait couru en rigolant, ce qui est assez handicapant. Pour un humain, d’accord, pour un vampire un peu moins. C’est sûr qu’ils ont pas mal de privilèges, n’empêche. Tout en relevant les yeux, paré à aller jeter sa bouteille du haut de sa fenêtre – ce qui s’annonçait être le seul divertissement de cette nuit, il remarqua une silhouette, derrière le corps de l’homme. Cette ombre semblait l’observer. A vue d’œil, c’était une femme. Qu’est-ce qu’une femme faisait ici ? Elle voulait se faire tuer ? Se faire violer ? Ou pire, se faire manger ? Ou plutôt se faire vider de son sang. C’est un peu un repaire à Level E ici, juste comme ça. Au fur et à mesure qu’il regardait vraiment, il prit conscience que cette jeune femme lui disait vaguement quelque chose. En même temps, il avait une mémoire de poisson. Ca allait être dur d’éclaircir la situation. Alors il hocha les épaules et se prépara à faire demi tour, il est pas du genre à passer trois quart d’heures sur une broutille. Après tout, si elle avait quelque chose à lui dire, elle n’avait qu’à le faire. « J'y crois pas ... » Wouh, quelle exclamation. Disturbia haussa un sourcil. « On se connaît ? » Curieux, il fallait l’avouer, la bouteille à la main, Disturbia s’approcha de la jeune femme, la pointant du doigt – ce doigt appartenant à la main qui tenait la bouteille. « Oh, mais je te reconnais ! T’es la coincée ! Ou plutôt la non stressée. L’ennuyeuse quoi. » Dis’ lui sortit un grand sourire qui avait presque l’air sincère. Presque. Cette fille. Ca faisait un bail qu’il l’avait pas vu. La dernière fois, comment ça avait fini ? Il ne s’en souvenait même plus. Toujours de la même façon, il finissait par la semer avant qu’elle ne lui colle une balle entre les deux yeux. Je crois que c’était limite la dernière fois, quand même. Il secoua la tête, ébouriffant ses cheveux frisés. Il ne se souvenait vraiment pas, en fait. « T'as pas honte de faire ça à un pauvre type ? » Avec une moue surprise, il utilisa le même doigt avec lequel il avait pointé la jeune femme et se pointa lui même du doigt, puis ensuite le sans abri. « Moi ? » Il changea d’expression, triomphant. « Si tu savais… Dieu devrait me foudroyer sur le champ ! » L'ironie pointait terriblement dans sa voix. Ses yeux verts se plantèrent dans ceux de la jeune fille, un air de défis dans son regard. Ouh, elle allait peut-être remonter son niveau d’amusement prévu pour la soirée. Au début, il était pas bien élevé, surtout à cause de cette fille facile. Mais maintenant, ah, il avait de quoi s’occuper avec elle. C’était tellement amusant d’essayer de lui faire péter un plomb, de vraiment l’énerver. N’empêche qu’il avait échoué jusqu’ici. Son taux de réussite devait se trouver à moins 10. Au pire, il arrivait à faire qu’elle essaye de lui tirer dessus, mais même quand elle lui tirait dessus, elle était calme. « Tu l'as tué rien qu'en courant, bravo. » Dis’ se redressa, il se tourna vers le sans abri et haussa les épaules. « Un rat de moins. En plus, il peut même pas être compté comme un casse croûte potentiel tellement il donne pas envie. » Dis’ se tourna vers la jeune fille et la jaugea un instant. Que pouvait-il dire pour la faire sortir de ses gonds ? « Si tu veux mon avis, il est plus content comme ça. » De toute façon, à rester ‘vivre’ dans cette rue, il allait finir par crever de froid, de faim, ou alors, il allait finir par être tué par Level E, et croyez moi, il aurait beaucoup plus souffert. Si tu n’es pas un dur, il ne faut pas traîner ici. Disturbia regarda sa bouteille. Il dévissa le bouchon et l’apporta à son nez. Hum. Elle n’avait jamais été ouverte, et donc pas de risque de contamination avec la vermine – en même temps, il est immortel. Il but une ou deux grosses gorgés tout en fixant la jeune fille des yeux. Puis, il lui tendit la bouteille, un sourire en coin malicieux étirant ses lèvres. « Une p’tite goutte ? » Il agita la bouteille sous son nez. Peut-être en pensant que ça lui donnerait l’eau à la bouche. « Ça fait vraiment un moment qu’on s’était pas vu. Tu m’as manqué. Toujours aussi… Calme ? » Son sourire malicieux s’élargit, et il la regarda plus intensément. La partie allait bientôt commencer. Il en frissonnait presque. Un petit moment d’amusement après une dure journée de labeur – à ne rien faire. Il la voyait avec une main dans l’intérieur de sa veste, avait-elle déjà saisie son arme ? Et si elle décidait de le tuer, sachant qu’il était à peine à un mètre d’elle ? Je sens que je vais ma marrer. Des palpitations montaient à travers tout son corps, comme lorsque l’adrénaline se fait sentir. Il était prêt à esquiver le moindre geste offensif de la jeune femme, prêt à parer la moindre attaque. Il attendait sa réaction avec impatiente, sur le qui-vive, un peu comme l’aurait été un chien pendant que son maître se prépare à lancer la balle.

« Moi ? Coincée ? Mon dieu, arrête tu vas me faire pleurer. » Dis’ haussa un sourcil. Pleurer. Il avait vu tellement de gens pleurer. Elle ne pouvait pas savoir que ce mot n’avait plus de résonance dans son esprit. Quand il voyait quelqu’un pleurer, c’était comme si de rien n’était. Avait-il, lui, pleuré une fois dans sa vie ? Pas à sa connaissance. Quand il voyait quelqu’un pleurer, il avait plus envie de rire. Pleurer était un signe de faiblesse, pour lui, et la faiblesse des autres, il la détestait. Bien sûr, lui aussi, il possède quelques faiblesses, mais il passe outre. Mais quand les autres se montrent faibles, ça l’énerve. C’est pour cela qu’il n’aime pas les humains, parce qu’ils sont faibles, peut importe comment ils sont faits et comment ils se comportent. Bien sûr, il avait repéré le ton ironique de la jeune fille, mais il se contenta de la regarder de travers. Oui, on peut penser que Dis’ est le genre de personne qui veut toujours avoir le dernier et qui va parler même si il n’y a rien à dire, mais là, il décida de fermer son clapet. « Si tu savais... Dieu devrait me foudroyer sur le champ ! » Dis’ savait qu’avec cette phrase, il provoquait beaucoup de gens, un gros point de la société également. Les croyances, comme elles lui passaient au dessus de la tête. Il aurait aimé sortir cette phrase en plein milieu d’une messe. C’était d’ailleurs à méditer. Si jamais un dimanche, il ne savait que faire, il avait trouvé sa prochaine occupation. « Si seulement. » Dis’ tourna vers elle un sourire malicieux et secoua la tête d’un air contrarié. « N’oublie pas que j’ai une ouï très développée, rien ne sert de bougonner dans ta barbe, j’entends tout. Ton souhait ne sera malheureusement jamais exaucé, jeune demoiselle… » Il tenta de caler un peu de mélancolie dans sa voix, histoire de faire semblant et paraître sentimental, mais il ne réussit pas et sa phrase avait plus des allures de blague provocante. A ce moment, Dis’ prit conscience que la jeune fille en face de lui était humaine. Par moment, il lui arrivait de l’oublier. Elle était ce qu’il méprisait le plus, pourtant, il n’avait jamais pensé une seule fois la mordre et boire son sang. Sur le coup, il essaya de s’imaginer la coinçant dans cette rue même, contre le mur, une main sur son buste, l’autre lui tenant les poignets au dessus de sa tête et sa tête dans son cou. Il essaya d’imaginer son odeur, la douceur de sa peau, l’adrénaline qu’il aurait pu ressentir, il tenta même de deviner le goût de son sang. Mais pourtant, tout lui semblait invraisemblable, à peine inimaginable et presque répugnant. Elle se débattait trop, son sang n’avait pas bon goût, rien n’allait, alors que c’était lui qui imaginait, et il est censé pouvoir imaginer ce qu’il veut. Pourquoi même son imagination ne veut-elle pas qu’il lui boive son sang ? Devait-il interprété, que, tout simplement, il n’en aurait jamais envie ? Il la regarda sous tout les angles, de haut en bas, comme le ferait un pervers, alors que son cerveau fonctionnait à cent à l’heure. Contrarié, il cessa toutes pensées sur ce sujet. « Oh mais tu sais, je m'en contrefiche de ton avis, si ça peut te faire plaisir de croire ça, crois le, ce n'est certainement pas moi qui t'en empêcherais. » Dis’ leva les yeux au ciel et l’imita parler comme le ferait un enfant contrarié, exagérément bien sûr. « Bla bla bla… » Il finit par lui tirer la langue et s’occupa de sa bouteille. Alcoolique ? Non pas vraiment. On peut boire souvent de l’alcool sans éprouver une quelconque indépendance. Il aime boire, c’est tout. Et heureusement, l’effet de l’alcool reste présent sur les vampires. Et ce n’était pas la présence de la jeune fille qui allait l’empêcher de s’amuser. De plus, elle était en fait là pour ça, elle était là pour l’amuser, même si elle n’en avait peut-être pas conscience, ou peut-être en avait-elle que trop conscience ? « Non merci, j'suis pas encore tombée si bas. » Dis’ fit mine de réfléchir, agitant sa bouteille légèrement devant lui, faisant remuer le liquide à l’intérieur. « Je ne pense pas que ce soit une question d’être tombé ‘aussi bas’ » Il se retourna et pointa du doigt le sans abri qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis qu’il était tombé. Était-il réellement mort ? Disturbia n’en avait que faire. « Lui, il est tombé bien bas. Moi. Non. Moi, je vis ma vie pleinement, je m’amuse. Je profite. » Disturbia regarda la brunette devant lui avec intensité, ses yeux verts plongeant dans les siens. Il pointa alors son doigt vers elle et appuya sur son nez. « Alors que toi. C’est problématique. Faudrait te lâcher un peu, laisser aller la bête qui sommeil en toi. On a tous une bête en soit, crois moi. » Il lui tapota la joue doucement, comme on caresserait un cheval pour le flatter d’avoir fait du bon travail. Puis il lui proposa une nouvelle fois la bouteille. « Sur ? » Un sourire en coin sur les lèvres, c’est qu’il peut insister longtemps. Mine de rien, il est patient quand il veut. Et puis il aimerait bien voir ce que ça donne avec un peu d’alcool dans le sang, cette gussette. « Oh c'est pas vrai, je t'ai manqué ? J'suis touchée, mais alors à un point .. » Wouha, c’est qu’elle était pas mal douée, elle aussi, pour faire dans l’ironie. Il sourit et haussa les épaules, imitant le timide par excellence. Il le faisait plutôt bien. Il faut dire qu’il est pas mal doué pour jouer la comédie. Avec une moue qui se voulait irrésistible, il tangua légèrement d’avant en arrière, imitant toujours le timide qui venait de faire sa déclaration. « Et moi, je t’ai manqué ? » Dis’ changea du tout au tout en une fraction de seconde et sembla réfléchir. Il arrêta de bouger pendant plusieurs secondes, avant de plonger la main dans l’une de ses poches arrières de son jean et en sortit un paquet de cigarette complètement écrasé. Tout en sortant une cigarette, il regarda du coin de l’œil la jeune fille. Il ne savait pas si il devait réellement lui en proposer une. Il finit par lui tendre le paquet, suspicieux. « Est-ce que tu es une sainte ? Nan parce que je préfère poser la question, au cas où tu refuses la cigarette que je te propose, ça voudrait dire que tu ne fumes pas, que tu ne bois pas… Bon après, je ne sais pas quelles sont les natures de tes relations avec les hommes, mais je t’ai jamais vu avec un mec alors… » Oui, après tout, si elle ne buvait pas, ni ne fumait, manquerait plus qu’elle est jamais eu de relation poussée avec un mec et elle avait tout d’une sainte. Trop clean… « T’as quel âge en fait, 12 ans ? » Alors qu’il avait coincé la cigarette entre ses dents, il s’amusait à lui faire faire des mouvements de bas en haut, ou de gauche à droite. D’une main, l’autre tenant toujours le paquet et la bouteille à la fois (efficace, hein?), il commença à chercher son briquet, et toujours d’une main, il alluma sa cigarette. « Effectivement toujours aussi calme, j'ai pas piqué d'fureur depuis longtemps. » « Tu m’étonnes… » Souffla-t-il entre ses dents, avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve. « Et toi donc ? Toujours aussi .. Aussi .. J'ai même pas d'adjectif. » Dis’ releva les yeux alors qu’il louchait sur le bout de sa cigarette qui se consumait et fit mine de réfléchir, une nouvelle fois, les yeux au ciel. « Hum… Beau goss ? Attirant ? Canon ? Drôle ? Intelligent ? A mourir de rire ? » Un sourire étira ses lèvres, amusé par sa propre blague. Bah, c’était souvent comme ça, de toute façon, mais comme je l’ai déjà dit, du moment qu’il se fait rire lui même, tout va bien… Disturbia, qui avait finit de faire mumuse avec sa cigarette, ne la quittait pas des yeux. Alors il remarqua le sourire qui étira ses lèvres, et à dire vrai, son instinct lui dicta sur le champ de se méfier. Bien sûr, il ne montra pas qu’il était prêt à décamper au moindre mouvement brusque, ni même qu’il était prêt à lui assaillir un coup de pied dans le ventre si jamais elle montrait un signe d’attaque, mais croyez moi, il était prêt. Il était vrai qu’ils étaient vraiment très proches, et que si il perdait sa concentration et son attention, elle pouvait l’avoir avant même qu’il ait pu dire ‘même pas drôle’ ou encore ‘j’ai faim’… Il était attentif mais le montrait peu, pour ne pas éveiller les soupçons. Il eut un mouvement de recul imperceptible lorsqu’elle sortit sa main de sa veste, mais quand il comprit qu’elle ne tenait rien dans ses mains, son visage s’adoucit et un sourire en coin amusé étira ses lèvres. Il leva les mains en l’air alors qu’elle le visait, la bouteille dans l’une de ses mains suivant le mouvement, et il afficha une mine suppliante. « Boum .. » Il mit alors sa main libre sur son cœur et fit mine de tomber à la renverse, comme si il avait été touché. « Arg, je meurs… » Il n’alla pas jusqu’à tomber par terre, bien sûr, mais un sourire enfin sincère s’affichait sur son visage. « Ouais, nan ça serais trop facile .. » Dis’ haussa les épaules et se rapprocha encore un peu de la jeune fille. Il s’arrêta à seulement quelques centimètres d’elle, il eut cependant le temps de penser qu’il n’avait jamais été aussi proche d’elle qu’à ce moment là. Il avait une expression différente que tout à l’heure, une expression de prédateur, celle du monstre qu’il était tout au fond de lui. « Oui, mais tu aurais dû profiter de cette facilité. Les occasions comme ça, ça se présente qu’une seule fois. » Il sourit, sadique, moqueur, presque effrayant, laissent voir ses canines plus pointues que la normale. Il avait tout d’un chasseur. A cette distance, il pouvait sentir son odeur, là où son imagination avait failli, ses sens interprétaient à la perfection. Il en eut presque l’eau à la bouche. Presque. C’était ça le problème. Seulement presque… « Tu veux pas .. J'sais pas, détaler, courir, sauter ? » Comme si quelqu’un claquait des doigts, il changea d’expression et recula, un sourire aguicheur sur les lèvres. C’est alors qu’un mouvement derrière lui se fit sentir, et telle le prédateur, il bondit en avant… Se cacher derrière Noah. Le sans abri reprenait ses esprits et commençait à se relever. Prenant conscience qu’il avait posé ses mains sur les épaules de la jeune femme, prêt à s’en servir de bouclier humain, il la poussa brusquement vers l’avant. « Mouvement incontrôlé et instinctif. Le plus intelligent est celui qui se protège en premier temps et qui attaque en deuxième. Si tu veux la preuve que je n’ai pas peur de me battre, je te le prouve quand tu veux. » Oui, il avait été ridicule. Il avait parfois des réactions incontrôlables, parce que croyez moi, ce n’était pas dans son genre de fuir un combat. Mais il ne faut pas oublier que sa famille n’est pas de sang pur et il sait, à contre cœur, qu’il a du sang humain dans les veines, et parfois, c’est comme si il prenait le dessus. Il s’est toujours dit que ses allures de tapette venaient de là… Le sans abri était maintenant debout et s’approchait dangereusement de nos deux compères. Disturbia, une grimace de dégoût sur le visage, fit signe à Noah de se retourner. « Attention, il attaque. » Il fallait avouer qu’il se dirigeait vers eux dangereusement, les bras tendus. « En fait… Je crois que c’est un Level E… » Il était vrai que ses yeux étaient devenus rouges comme le sang, que des griffes immondes lui étaient poussées à la place des ongles et qu’il fixait le coup de la jeune fille comme obsédé. « Il devait pas savoir qu’il en était un avant… » Dis’ et ses petites informations capitales qui servent à rien…